
Comment survivre à un marché baissier
Cadre de gestion des émotions et des portefeuilles en période de volatilité.
Basé sur le Balado acoustique sur les placements présentant les points de vue de Philip Petursson et Kevin Headland de l’équipe des placements de Manuvie au Canada. Comme toujours, il est recommandé aux épargnants de consulter un spécialiste qui évaluera leur situation personnelle.
Nous traversons une période historique. Alors que la communauté mondiale est aux prises avec la pandémie connue sous le nom de COVID-19, une pénurie dans les magasins d’alimentation et des mises en quarantaine, le solide marché haussier qui a commencé en mars 2009 est devenu un marché baissier en mars 20201.
Alors que les marchés boursiers chutent brutalement, il est temps pour tous les investisseurs de revoir les principes fondamentaux – il est temps d’apprendre comment survivre à un marché baissier. Quatre principes directeurs peuvent vous aider à gérer la volatilité. Les voici :
Examinons-les de plus près.
Règle no 1 - Vaincre la peur et la panique
La panique peut vous pousser à faire de mauvais choix. En cette période unique où nous faisons tous face à une grave crise sanitaire et à des turbulences économiques, les investisseurs sont bien avisés d’éviter de prendre des décisions téméraires. À l’automne 2008, il a été bien documenté que lors du premier creux de la crise du crédit, la panique s’est installée. Les investisseurs ont pris des décisions hâtives et ont commencé à vendre. Si l’on avance un peu dans le temps à partir de là, on constate que les ventes se sont encore accrues lors du repli suivant, en février et en mars 2009.
Selon les données recueillies par l’Investment Company Institute aux États-Unis, qui suit les flux de capitaux vers les FNB et les fonds communs de placement dans ce pays, les ventes ont atteint un sommet en plein creux du marché. Si vous suivez ces flux, les investisseurs ne sont pas revenus sur le marché avant la fin de 2012.
Selon Philip Petursson, stratège en chef des placements, Investissements Manuvie, « entre le sommet et le creux du marché baissier de 2008-2009, le marché a perdu 57 %. Les investisseurs ont cristallisé leurs pertes à un moment donné dans cette baisse de 57 %, puis n’ont pas réintégré le marché avant 2012, moment où le marché a atteint son sommet précédent de mars 2007 – les investisseurs n’allaient jamais regagner le terrain perdu. »
Les investisseurs se laissent toujours emporter par leurs émotions – la peur de rater une occasion les pousse à acheter au sommet du marché, et la peur de réaliser des pertes provoque une liquidation frénétique lorsque les marchés plongent.
« Peu importe le nombre de fois que vous le répétez aux investisseurs, le même scénario semble se reproduire : les investisseurs paniquent et réagissent », indique Kevin Headland, stratège principal des placements, Gestion de placements Manuvie. « On peut pratiquement dire que le creux est atteint lorsqu’on voit l’exode que subissent les fonds communs de placement au Canada et aux États-Unis. »
L’un des principaux facteurs contribuant à la volatilité économique actuelle est exacerbé par les placements dans des fonds indiciels à gestion passive. Les FNB sont composés d’un ensemble de titres, de sorte que lorsqu’un FNB est vendu, les investisseurs vendent tous les titres de ce FNB. « Nous voyons cinq à six fois le volume de ventes, et cette pression à la vente contribue à la volatilité », explique M. Petursson.
L’autre problème qui contribue à la volatilité du marché est peut-être l’approche axée sur le bricolage en matière de placement.
« À tout moment, vous pouvez vérifier l’état de vos comptes ou effectuer une opération; et il se peut que tel ou tel épargnant peu averti prenne des décisions sans s’appuyer sur les conseils financiers d’experts; cela ne fait qu’alimenter la panique », explique M. Headland.
En se concentrant sur les principes fondamentaux, et en évitant de vendre sous le coup de la panique, les investisseurs peuvent conserver une bonne position pour faire face à la volatilité des marchés.
Règle no 2 – Connaître son environnement
Trois piliers clés sont pris en considération dans le cadre de la stratégie de placement de Manuvie. Il s’agit de :
La conjoncture économique oriente la prise de décision quant à ce que vous devriez payer pour les actions et ce qu’une entreprise est susceptible de gagner. L’évaluation porte sur la valeur des actions et des obligations. … Et les bénéfices d’une entreprise peuvent vous en dire long sur la solidité du titre que vous envisagez d’acheter.
« Du milieu de 2019 jusqu’au début de 2020, les actions semblaient être pleinement évaluées ou surévaluées selon le marché, mais d’après nos mesures, la croissance des bénéfices était faible. Des évaluations élevées en période de faible croissance des bénéfices sont des signes précurseurs », indique M. Petursson.
Il demeure difficile de prédire les résultats du marché dans le contexte d’une situation en évolution comme la crise sanitaire mondiale créée par la COVID-19, mais la situation finira par être maîtrisée.
« Il est très probable que le Canada se dirige vers une récession ou soit déjà en récession. Compte tenu des efforts de confinement en Europe et aux États-Unis, ces économies seront probablement elles aussi en récession. Mais c’est la réalité à l’heure actuelle », dit M. Petursson.
« Au début de 2019, nous réduisions déjà nos pondérations en actions – non pas parce que nous prévoyions une récession, mais parce que nous pouvions voir les fondamentaux se détériorer », indique M. Headland. « Si l’économie ralentit, au lieu de se raffermir, et que les évaluations augmentent plutôt qu’elles ne diminuent, les fondamentaux vous aident à prendre la bonne décision, encaisser les profits et opérer un virage vers une sous-pondération. »
Aurait-il pu prévoir la situation actuelle de volatilité des marchés? Selon M. Petursson, alors que tous les indicateurs financiers semblaient solides – courbe des rendements positive, faible taux de chômage aux États-Unis, bons niveaux de consommation, données positives sur le logement – la seule chose qui manquait était de tenir compte du risque d’un événement cygne noir comme la COVID-19. « Maintenant que nous en sommes là, il faut commencer à comprendre les enjeux et les répercussions économiques de l’arrêt des entreprises », dit M. Petursson.
Règle no 3 – Saisir les occasions qui se présentent
En période de volatilité économique, une solide répartition de l’actif est essentielle pour protéger votre portefeuille contre les risques de baisse, en plus d’être structurée de manière à favoriser la croissance composée à long terme. En s’en tenant aux principes fondamentaux en matière de placement et compte tenu de la conjoncture, les actifs peuvent être ajustés pour saisir les occasions qui se présentent.
« Dans le marché actuel, nous voulons adopter une approche réfléchie, déclare M. Petursson. Cela signifie rééquilibrer les portefeuilles, tirer parti des reculs et passer des titres à revenu fixe aux actions pour saisir les occasions qui se présentent. »
« Que vous vous trouviez dans un marché haussier ou baissier, le fait d’avoir le bon équilibre au sein d’un portefeuille est toujours un élément fondamental important, en plus de maintenir l’accent sur vos objectifs de placement à long terme », indique M. Headland.
La croissance des dividendes est un autre élément à prendre en considération dans le cadre du rééquilibrage des portefeuilles en période de volatilité économique.
« Une société qui a un bon dividende et qui a prouvé qu’elle pouvait augmenter son dividende de façon continue au fil du temps est synonyme d’entreprise de qualité dotée de flux de trésorerie continus et d’une solide équipe de direction », explique M. Headland.
Un dividende croissant indique une entreprise de qualité qui, au fil du temps, peut résister aux difficultés économiques, tout en renforçant sa croissance à long terme.
« Ce n’est peut-être pas le titre le plus populaire ou le secteur le plus intéressant dans lequel investir, mais avec le temps, ce dividende vous aidera à tirer votre épingle du jeu tout en vous servant de source de revenu, même si le cours de l’action baisse à court terme », indique M. Headland.
Il ajoute que c’est en période de ralentissement économique que les gestionnaires actifs repéreront ces entreprises de qualité qui risquent de connaître une dislocation de leur véritable valeur. Et c’est ainsi que les gestionnaires qui repèrent ces entreprises et profitent de cette période de volatilité afficheront leur vraie valeur.
Règle no 4 – Ne pas craindre les bruits bizarres pendant la nuit
Si quelque chose vous veut vraiment du mal, il vous traquera silencieusement. « Alors que personne n’aurait pu prédire qu’un cygne noir viendrait assombrir 2020 et mettre fin au marché haussier, nous pouvons tout de même gérer le risque en fonction des fondamentaux, formuler des recommandations, et positionner les portefeuilles pour qu’ils soient en mesure de gérer un repli du marché », déclare M. Petursson.
« Il ne s’agit pas de prévoir, mais plutôt de comprendre les risques qui existent, indique M. Headland. On ne sait pas pourquoi, on ne sait pas comment, on ne sait pas quand, mais on sait qu’il (le risque) se présente à un moment donné. »
Un dernier conseil
- Philip Petursson
« Concentrez-vous sur vos objectifs de placement tout en étant conscient des risques au sein de votre portefeuille et gérez-les adéquatement. Il est essentiel de bien répartir les actifs et de s’en tenir à une méthode de placement rigoureuse pour surmonter la volatilité des marchés. Un conseiller peut vous y aider. Les conseillers sont formés pour gérer les risques et rechercher des occasions dans les marchés haussiers et dans les marchés baissiers. »
- Kevin Headland
« Tenez-vous-en aux principes fondamentaux sur les placements. Ils vous guideront toujours dans les marchés baissiers et dans les marchés haussiers. »